Les origines du polari sont peu claires. On sait qu’une part importante de ce lexique vient de l’italien, mais personne n’a pu déterminer avec certitude s’il est entré en Angleterre et dans la langue anglaise par les ports (avec des termes italiens et occitans utilisés normalement comme lingua franca sur les embarcations de la mer Méditerranée) ou grâce aux activités des gens du spectacle venus d’Italie pour s’installer à Londres au cours du XIXe siècle. Il est probable que ces deux phénomènes ont conflué, avec en sus l’influence du yiddish et du romani, deux langues nomades dont l’impact sur les langues majoritaires mériterait à lui seul un article dédié.
Dans tous les cas, le polari fut adopté par la communauté homosexuelle londonienne qui, en tant que minorité, choisit de l’utiliser comme une sorte de code interne. L’intégration tardive, mais toujours plus importante, des groupes minoritaires ou marginaux mis un terme à cette nécessité de codifier le parler des membres de la communauté, et c’est de cette manière que l’usage du polari devint peu à peu à une pratique exclusivement nostalgique.
Sur le Web, il est possible de trouver des listes regroupant beaucoup des mots, parmi les plus communs, de cet argot presque oublié. On peut notamment mentionner les termes suivants :
bona: bon
camp: efféminé
capello: chapeau
cottage: toilettes publiques
dolly: beau, agréable
ecaf: visage
drag: vêtement, le plus souvent de femme
gelt: argent
jarry: nourriture
omi: homme
Dans cette courte liste, on pourra observer les différents courants qui ont donné naissance au polari : l’influence italienne (jarry, la nourriture, vient du verbe italien mangiare, manger), l’usage de l’inversion (comme ecaf, version invertie de face, visage en anglais ; ecaf possède par ailleurs une forme abrégée, eek), les préoccupations vis-à-vis de la législation relative à l’homosexualité (camp proviendrait ainsi du sigle KAMP : known as a male prostitute) ou la présence du yiddish (gelt). Le fait que le polari soit tombé en désuétude représente une perte certaine pour la diversité linguistique. Qu’une communauté n’ait plus, en revanche, à coder sa communication pour éviter les préjugés, on ne peut que s’en féliciter.